2022 : une année de transition sur la scène politique fédérale

04 mars 2022

Plus nous avançons en 2022, plus il devient apparent que nous assistons à une année de transition du paysage politique canadien. Une sorte de tremplin qui nous amènera ailleurs.

Le premier ministre, Justin Trudeau

Justin Trudeau occupe maintenant le 10e rang en termes de longévité sur les 23 premiers ministres de l’histoire du Canada. Il en est à sa 7e année et son 3e mandat à la plus haute fonction du pays. Jamais depuis Wilfrid Laurier en 1908, un premier ministre canadien n’a réussi à remporter 4 élections consécutives. En tout respect pour Laurier, il est plus compliqué de remporter des élections aujourd’hui, que ce ne l’était il y a plus d’un siècle.

Comme je l’expliquais dans un billet pour L’actualité en octobre dernier, le mandat actuel doit être celui de l’héritage politique pour Justin Trudeau. Si son premier a été surtout marqué par un changement de ton et d’image, le second a été celui de la pandémie. Étant donné que la tendance historique et l’usure inévitable du pouvoir jouent contre lui, tout est en place pour que M. Trudeau consacre ses efforts à mettre en œuvre toutes les réformes qui lui tiennent tant à cœur avant de risquer de perdre des élections ou encore de céder sa place.

Mais voilà qu’une nouvelle vague de COVID en début d’année et maintenant une intervention militaire russe en Ukraine viennent encore compliquer sa tâche et distraire les actions quotidiennes du gouvernement.

Ayant remporté les deux dernières élections avec des victoires à saveur aigre-douce - mandats minoritaires et moins de votes au total que les conservateurs dans les deux cas -, monsieur Trudeau doit profiter de l’année 2022 pour avoir une profonde réflexion.

Il doit se poser certaines questions, incluant celles-ci :

  1. Souhaite-t-il demeurer en poste encore longtemps?
  2. Croit-il être en mesure d’incarner l’espoir en l’avenir après avoir été un des visages politiques de la pandémie?
  3. Si la réponse à la question 2 est négative, peut-il alors convaincre les Canadiens que la stabilité est préférable au changement dans un monde incertain, tel qu’on le constate aujourd’hui avec l’invasion russe en Ukraine, par exemple ?
  4. A-t-il un chemin intéressant vers la victoire lors des prochaines élections fédérales pour devenir le seul premier ministre en 115 ans à remporter quatre victoires consécutives?
  5. Est-il encore le meilleur atout du Parti libéral du Canada ?

Si les réponses sont plutôt négatives ou hésitantes, il est probable que vers la fin 2022 ou au début de 2023, le premier ministre annonce son intention de quitter la vie politique et que son parti déclenche une course à la direction. La personne qui serait élue par les membres deviendrait également la 24e à diriger le Canada.

Si les réponses sont positives et que le contexte lui est favorable – par exemple avec des conservateurs qui se divisent entre eux -, alors il pourrait rester en poste.
Il s’agit donc d’une année de transition pour Justin Trudeau qui doit s’assurer d’établir son héritage politique, mais qui doit aussi déterminer s’il sera des prochaines élections fédérales ou non.

Le Parti conservateur du Canada

Pour la troisième fois depuis 2015, le Parti conservateur du Canada n’a plus de chef permanent. De nouveau, les membres se dirigent vers une course à la chefferie qui laisse toujours des traces à l’interne. Comme je le décrivais également dans L’actualité récemment, le mariage de raison entre les différentes ailes du mouvement conservateur arrive à la croisée des chemins. Ou le parti restera uni et aura une véritable chance de remporter les prochaines élections, ou il éclatera comme après l’ère Mulroney.

On chuchote même en coulisse que des acteurs influents conservateurs et libéraux, qui considèrent leurs partis trop à droite ou à gauche, songent même à créer un nouveau parti plus au centre de l’échiquier politique tellement ils ne se reconnaissent plus dans leurs formations respectives.

Le député Pierre Poilievre a une sérieuse longueur d’avance sur la victoire pour cette course, mais il devra éviter un mouvement « n’importe qui sauf Poilievre ». L’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest, se fait désirer. D’autres candidatures intéressantes sont en réflexion comme Tasha Kheiriddin, Peter MacKay et le député Michael Chong.

Dans le cas des bleus, 2022 est également une année de transition vers le nouveau positionnement stratégique et l’avenir du parti.

Le Bloc québécois

Le parti souverainiste pourrait également vivre une sorte de transition dans son positionnement, advenant que Jean Charest devienne le chef conservateur. Comment réussir à continuer de porter le costume de Capitaine Québec à Ottawa, si un ancien premier ministre du Québec, le seul à avoir remporté 3 élections québécoises consécutives depuis Maurice Duplessis, siège dans le même Parlement? Comment se positionner face aux conservateurs qui redeviendraient soudainement compétitifs au Québec?

En même temps, dans l’hypothèse où les conservateurs sortaient de cette course au leadership plus affaiblis ou en plusieurs morceaux, les bloquistes pourraient en bénéficier et être encore plus forts, en étant la seule véritable alternative aux libéraux de Justin Trudeau en sol québécois.

Le NPD

Quant au NPD, il devrait stratégiquement vouloir transiter d’une sorte de groupe de pression qui se plaît à être un influenceur du Parti libéral, vers une alternative crédible au gouvernement.

Jack Layton avait compris qu’il devait montrer les travers de ses adversaires libéraux pour espérer les dépasser et avoir une chance de gouverner le Canada. Il n’y est jamais arrivé, mais il a au moins formé l’opposition officielle en étant critique à la fois envers les conservateurs et les libéraux de Michael Ignatieff.

Jagmeet Singh réalisera peut-être en 2022 que tant et aussi longtemps que son électorat potentiel préfèrera Justin Trudeau et son équipe, le NPD demeurera un parti marginal sur l’échiquier politique canadien, même lorsqu’il a la balance du pouvoir d’un gouvernement minoritaire. Du moins, quand ce dernier aimerait davantage avoir des élections que les néodémocrates.

Et la COVID?

2022 est aussi l’année où on tourne la page sur la pandémie ou à tout le moins, qu’on apprend enfin à vivre avec. Ce sera, espérons-le, l’année de cette transition attendue vers une nouvelle normale. La population demeure inquiète de l’inflation en hausse vertigineuse et des conséquences que ça implique.

Bref, 2022 nous amène vers un nouveau paysage politique à Ottawa. Une année comme une autre en apparence, mais qui pourrait s’avérer être un point tournant pour les prochaines années.

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