La colline fédérale : entre pandémie et élections

18 janvier 2021

Le 25 janvier prochain, les députés seront de retour à la Chambre des communes. Et une question est sur toutes les lèvres à Ottawa: pour combien de temps ?

La gestion de la pandémie a beau être l’ultime priorité du gouvernement et de tous les parlementaires, il y a une possibilité bien réelle que des élections soient déclenchées d’ici à juin 2021.

Ainsi, les équipes politiques de tous les partis travaillent sur deux chantiers qui devraient être parallèles, mais qui finissent indéniablement par se croiser : se sortir de la pandémie et préparer les élections.

Remporter la bataille contre la COVID-19

Depuis maintenant presqu’un an, la quasi-totalité de l’énergie du gouvernement et des parlementaires est dédiée au dur combat contre la pandémie, pour qu’il se solde par une victoire. Mesures sanitaires, gestion des frontières, aide financière directe aux individus et aux entreprises, support aux provinces et approvisionnements médicaux ont été au cœur de la gestion de crise fédérale.

Place maintenant aux vaccins, clé espérée vers un retour à une vie plus normale. La logique voudrait que toute la question de l’approvisionnement en vaccins soit un enjeu non partisan.

Cela est toutefois irréaliste dans l’arène politique. D’abord parce que c’est un enjeu facile à comprendre, et qui touche directement et émotivement la population.

Ensuite, parce que dans un contexte de gouvernement minoritaire, l’esprit partisan est constamment à proximité. Et parce que c’est un enjeu sensible, il exacerbe les tensions déjà existantes entre Ottawa et les provinces. Ainsi, le fédéral blâmera les provinces qui ne vaccineront pas assez rapidement. Les provinces reprocheront au fédéral de ne pas les approvisionner comme il devrait le faire. Les municipalités blâmeront à la fois le fédéral et les provinces.

Aucun leader politique ne voudra être responsable d’un échec, alors que tous voudront la paternité du succès. Nous en avons déjà été témoins d’ailleurs.

Bref, si tous les enjeux liés à la pandémie depuis le début de la crise demeurent importants, il y en a un qui surpasse tous les autres et c’est le vaccin. Il s’agit possiblement de l’enjeu politique principal de 2021. Il y a là une grande opportunité, mais aussi un grand risque pour tous les acteurs politiques.

Préparer les élections

Alors que tous les yeux sont tournés vers la vaccination, le gouvernement Trudeau avance en âge. En avril, il aura 18 mois et entrera dans la fourchette normale de longévité pour un gouvernement minoritaire au pays.

Mais surtout, chaque mois qui passe dans un tel contexte nous rapproche de l’inévitable déclenchement des élections, alors que le premier ministre et les oppositions évaluent constamment les fenêtres d’opportunités électorales.

Depuis l’été dernier, la tension monte dans les coulisses et il y a même eu une première tentative de renversement du gouvernement à l’automne. Sans compter que le premier ministre pourrait lui-même décider de déclencher des élections.[1]

Les partis politiques ont commencé à identifier leurs candidates et leurs candidats en vue du prochain scrutin. Les plateformes électorales sont en préparation, ainsi que les trames narratives.

Tous s’échauffent pour le grand rendez-vous et le processus est irréversible si l’on veut être prêts quand le déclenchement arrivera.

Ce qui préoccupe principalement les acteurs politiques au quotidien

Dans cette situation, les parlementaires et leurs conseillers sont très occupés et sollicités. Qu’est-ce qui attire leur attention?

D’abord, le court terme. Comme les enjeux de la pandémie demandent des réponses rapides, et que des élections pourraient survenir à tout moment, les équipes sont concentrées sur le court terme. Personne ne travaille sur un plan quinquennal en ce moment en politique fédérale et si c’était le cas, ce serait parce qu’on y voit un gain à court terme.

On veut régler les enjeux rapidement et éviter les crises qui pourraient faire mal.

Ensuite, les acteurs politiques sont à la recherche d’annonces et cherchent à régler le plus de dossiers possibles avant les élections, là où ça compte.

Le gouvernement en particulier recherche à avoir de la visibilité positive dans les régions politiquement clés.

Les membres du caucus des députés souhaitent pouvoir montrer des résultats à leurs commettants avant de demander un nouveau mandat. Du coup, les partis souhaitent saisir des opportunités pour appuyer leur trame narrative par des annonces ou des actions sur des thèmes qui leur sont chers à des moments stratégiquement sélectionnés.

Finalement, les partis d’oppositions cherchent à alimenter le désir de changement. Afin d’espérer remporter les élections, il faudra d’abord que les Canadiens décident de remplacer le gouvernement pour ensuite regarder les alternatives. C’est un élément stratégique fondamental pour ceux qui aspirent à prendre la place du gouvernement actuel.

Pour le Bloc québécois, l’approche est différente. Lors des gouvernements minoritaires de Paul Martin et Stephen Harper, le parti avait l’habitude d’à la fois alimenter l’insatisfaction envers le gouvernement, tout en mettant les autres partis canadiens dans le même panier.

Autrement dit, le Bloc se définissait et se définit toujours, comme le seul parti pouvant représenter les intérêts des Québécois. Il affirmait également à l’époque être le seul à pouvoir empêcher un gouvernement majoritaire. Le Bloc pourrait utiliser un message similaire au cours des mois à venir, alors qu’il n’a aucun intérêt à ce que les Québécois votent en masse pour un de ses adversaires comme ce fut le cas en 2011 avec le NPD ou encore avec le Parti libéral en 2015, en plus de miser sur des dossiers et enjeux qui font consensus au Québec.

Qu’est-ce que ça veut dire pour vos relations gouvernementales?

Essentiellement, vos interlocuteurs sont très sollicités. Ils sont concentrés sur le court terme et cherchent des moyens pour faire des gains politiques.

Au même moment où ils font leur service public quotidien, ils préparent les prochaines élections. Ils ont constamment en tête le second volet et il occupera chaque jour de plus en plus de place dans leur esprit.

Pour augmenter vos chances de succès, ayez le contexte dans lequel vous faites vos démarches à l’esprit. Planifier votre stratégie, identifiez les risques et les opportunités, mais aussi le gain potentiel pour vos interlocuteurs. Définissez votre message et exécutez. Parce qu’une bonne stratégie en relations gouvernementales, ça ne s’improvise pas.

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