Les stratégies sont de plus en plus claires

01 septembre 2022

Déjà presque une semaine de campagne électorale de passée. Les stratégies des différents chefs sont de plus en plus évidentes : elles sont basées sur des objectifs qui ont été réfléchis, sous-pesés et confirmés au cours des derniers mois. Ambitieux, oui, mais ils doivent être réalistes et réalisables. Ce n’est pas vrai que tout le monde vise à former le gouvernement maintenant, peu importe le discours officiel.

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Parti conservateur

Prenons le Parti conservateur d’Éric Duhaime. En quelque sorte, son chef a un rendez-vous potentiel avec l’histoire s’il se fait élire dans la circonscription de Chauveau. Avec un siège au Salon Bleu pour un mandat complet, il aurait une chance de s’enraciner dans le paysage politique québécois. En revanche, s’il échoue, que restera-t-il de ce parti dans quatre ans sans députation à l’Assemblée nationale ? Ainsi, se mettre à voir trop grand et à déployer des ressources un peu partout au lieu de les concentrer là où il doit gagner pourrait être une erreur coûteuse. En plus de ses messages de communication destinés à transformer la colère des certains électeurs en votes, ses décisions organisationnelles seront cruciales.

Coalition Avenir Québec

Dans le cas du chef caquiste et du premier ministre sortant, l’objectif doit être d’obtenir un nouveau mandat majoritaire. Même si les données actuelles pointent vers une réélection facile, le parcours n’est pas nécessairement sans pièges auxquels porter attention.

Premièrement, François Legault se retrouve devant une situation qu’il n’a encore jamais connue, malgré sa longue carrière politique : celle d’être dans les souliers du premier ministre sortant en campagne électorale. Même s’il a dirigé le Québec pendant une période unique et difficile, il n’en demeure pas moins qu’en ce qui concerne la joute partisane, il n’a jamais encore été réellement testé en se faisant mettre férocement sur la défensive jour après jour ni en débat des chefs. Le premier mandat de Legault a été somme toute facile sur cet aspect, alors que les oppositions se sont majoritairement ralliées derrière le gouvernement pour la durée de la pandémie. Alors, comment performera M. Legault dans ce contexte bien différent de ce qu’il connaît ?

Un autre élément à surveiller est le désintéressement de la part de certains électeurs qui pourraient croire que la partie est gagnée d’avance. François Legault a besoin de leur donner une raison de voter et c’est en partie pour cela que vous avez vu le premier ministre dès le lancement de la campagne tenter d’éviter de nommer ses adversaires. Pourquoi ? Parce que peu de gens croient que ses opposants ont une réelle chance de le remplacer avec l’état actuel des sondages. Ils ne sont pas menaçants à l’ordre actuel des choses.

Mais alors, qui est l’adversaire dont M. Legault a besoin pour galvaniser ses troupes ? Réponse : Justin Trudeau. Eh oui ! Il est fort possible que vous entendiez aussi souvent, sinon plus, le nom de Justin Trudeau sortir de la bouche du chef caquiste que le nom de ses adversaires dans cette campagne. Le premier ministre tentera de faire la démonstration que c’est avec un gouvernement caquiste fort que le Québec peut continuer à faire face à Ottawa. Le chapeau du méchant sera mis sur le fédéral, que ce soit en santé, en immigration, en culture, en langue, en économie, en frontières et bien d’autres. Il faut demeurer fort pour se tenir debout devant Ottawa, dira-t-il. En se plaçant dans une classe à part, comme le capitaine Québec faisant duel avec le capitaine Canada, il laissera les autres chefs compétitionner pour la 2e place.

Même si cette approche peut soulever la controverse, comme on l’a vu dimanche lorsqu’il a voulu éviter de nommer Mme Anglade par son nom, ça demeure une façon d’appeler à l’action des électeurs caquistes. C’est justement la faiblesse du slogan de la CAQ. Continuons, bien sûr. Mais s’il n’y a pas de menace à cette continuité, plusieurs électeurs favorables pourraient rester chez eux le 3 octobre. Et si cette menace n’existe pas parmi les oppositions à Québec, elle peut être incarnée par Ottawa.

Québec Solidaire

Chez Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois a lancé les hostilités en se positionnant comme la véritable alternative au gouvernement. Le PLQ et le PQ sont des vieux partis, alors que la CAQ est un rassemblement d’anciens libéraux et d’anciens péquistes, dit-il. Donc, le changement, c’est QS selon lui.

L’objectif évident pour QS est de devenir l’opposition officielle. Bien sûr, une vague orange pourrait faire le boulot pour amener la formation aux portes du pouvoir, mais rien ne porte à croire qu’il y ait un grand vent de changement d’ère au Québec actuellement, comme le souhaiterait QS. Il reste que GND, comme on l’appelle, a tous les attributs pour offrir un contraste intéressant avec le premier ministre. Sa jeunesse et sa fougue font de lui un acteur qui représente l’avenir, un peu comme Mario Dumont à une certaine époque. On aime qu’il fasse partie du décor et qu’il brasse les idées préconçues. On l’imagine devenir un jour premier ministre du Québec. Mais, veut-on lui confier les clés de la voute maintenant ? Son défi sera de transformer l’avenir en présent pour au moins dépasser les libéraux.

Parti libéral du Québec

Le Parti libéral du Québec, lui, affronte un vent de face depuis la défaite électorale de 2018. Son objectif doit être de demeurer minimalement l’opposition officielle et, à court terme, de se défaire de ce bruit de fond venant des observateurs politiques qui disent les uns après les autres que le PLQ se dirige vers une défaite historique. Si ça colle, le message de campagne risque de ne pas être entendu par beaucoup de gens.

Pour demeurer deuxième, le PLQ doit envoyer le signal qu’il veut la première place. Ainsi, seule la CAQ devrait être l’adversaire dans ses communications. Il n’y a rien de payant pour les libéraux à dépenser de la visibilité pour s’en prendre aux conservateurs de Duhaime, comme ils le font souvent. Même si ça leur fait du bien personnellement, ça ne les aide pas politiquement. Surtout, ça ne donne pas l’impression de batailler pour la médaille d’or contre la CAQ.

Parti québécois

Pour le Parti québécois, qui fait campagne avec des attentes au plancher en cette année du 100e anniversaire de la naissance de René Lévesque, l’objectif principal doit être de sortir debout de cette campagne électorale. Il y a beaucoup plus de souverainistes que de péquistes en ce moment au Québec. Cette phrase illustre à elle seule l’ampleur du défi auquel s’attaque Paul St-Pierre Plamondon. C’est aussi ce qui explique pourquoi il semble vouloir jouer la carte de l’indépendance du Québec plus que la plupart de ses prédécesseurs récents. Si tous les souverainistes votaient pour le PQ, nous ne nous questionnerions pas autant sur son avenir.

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