Ottawa entre lentement mais sûrement dans un mode pré-électoral

19 décembre 2022

À pareille date l’année dernière, plusieurs se demandaient si Justin Trudeau allait quitter la vie politique avant la fin de son mandat ou non. Aujourd’hui, tous les signaux pointent clairement vers le fait que le premier ministre ne s’en va nulle part.

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Depuis l’entrée en scène du nouveau chef conservateur, il est évident que monsieur Trudeau piaffe d’impatience de faire campagne électorale face à monsieur Poilievre.

Le chef libéral a visiblement repris plaisir dans la joute partisane.

Tellement ragaillardi par l’idée de ce duel qui définira le Canada de la prochaine décennie, Justin Trudeau sera du rendez-vous, à moins d’un revirement imprévisible.

Élément supplémentaire venant légitimer le chef libéral de diriger ses troupes lors du prochain scrutin, il vient de remporter haut la main une élection partielle dans Mississauga-Lakeshore, une circonscription dont il a absolument besoin pour former un gouvernement.

La boule de cristal s’est éclaircie cet automne : Justin Trudeau tentera de devenir le seul premier ministre depuis Wilfrid Laurier en 1908 à remporter quatre élections consécutives sur la scène fédérale.

Et ça change complètement la donne pour la suite de son troisième mandat. Sa priorité n’est plus de gagner du temps, mais de remporter les prochaines élections. Pour ce faire, il a intérêt à choisir son moment plutôt que de se le faire imposer par l’opposition.

Suite à sa victoire électorale aigre-douce de septembre 2021, Justin Trudeau avait besoin de temps.

Plusieurs et sans doute le premier ministre lui-même, se demandaient s’il ne serait pas préférable qu’il étire la sauce au maximum pour finaliser son héritage politique et passer le flambeau à une autre personne pour diriger sa formation politique.

C’est dans ce contexte qu’est intervenu l’entente de gouvernance entre le Nouveau parti démocratique et le Parti libéral, afin d’assurer au dernier une stabilité politique relative jusqu’en 2025.

Cet accord n’a jamais été complètement rendu publique et on se rend compte qu’il ne tient pas à grand-chose puisque le chef néodémocrate Jagmeet Singh multiplie les menaces d’y mettre fin.

Connaissez-vous beaucoup d’unions qui sont saines et qui durent longtemps sous la menace ?

Mais tout cela n’a plus tellement d’importance pour le premier ministre libéral, car ce qui lui importe maintenant est d’empêcher Pierre Poilievre de lui succéder. Et pour cela, le moment où auront lieu les prochaines élections est bien plus crucial qu’une entente avec le NPD qui tient avec du ruban et de la broche.

Rappelons-nous que les gouvernements minoritaires au Canada ont tendance à durer entre 16 et 30 mois. Le 3e gouvernement Trudeau arrive à 15 mois d’existence. Il entre ainsi à grands pas dans la phase terminale habituelle des gouvernements minoritaires. Si la tendance se maintient, des élections devraient avoir lieu quelque part en 2023 ou au tout début de 2024.

Ainsi, le premier ministre et sa garde rapprochée doivent continuer d’évaluer chaque fenêtre de possibilités d’élections générales. Il y a celles qui peuvent être provoquées suite à un renversement de gouvernement par les partis d’opposition pendant une récession importante ou dans le contexte d’une controverse par exemple. Dans un tel scénario, le gouvernement débuterait la campagne avec un vent de face important.

L’équipe Trudeau doit également évaluer les moments où le premier ministre pourrait décider de les déclencher de manière précipitée, dans un contexte plus favorable ou moins défavorable que lorsque les oppositions décident du calendrier.

Des élections trop rapidement pourraient être problématiques, alors que la population souffre financièrement et que nous n’en avons pas encore terminé avec les enjeux liés à la santé. En revanche, attendre trop longtemps augmentera le désir de changement dans la population et une réélection sera de plus en plus improbable.

C’est avec cette nouvelle donne à l’esprit qu’il faut analyser les menaces des derniers mois du chef néo-démocrate de se retirer de la fameuse entente de gouvernance. Ce n’est pas tant ce que Jagmeet Singh dit qui importe. C’est la réaction de Justin Trudeau.

Même si on y décode surtout une stratégie de communications de la part de Jagmeet Singh pour s’inscrire dans la conversation politique sur des enjeux qui lui sont chers, il n’en demeure pas moins que personne ne le prend réellement au sérieux de soudainement vouloir renverser le gouvernement.

Mais en menaçant ponctuellement de se retirer de l’entente qu’il a avec Justin Trudeau, Jagmeet Singh est en train de dédouaner le premier ministre d’affirmer que cette législature est allée au bout de ses capacités et de déclencher des élections.

Dans les faits, il y a longtemps que les conservateurs et les bloquistes s’opposent aux libéraux lors des votes de confiance. Monsieur Trudeau pourrait ajouter que les menaces répétées du NPD sont une source supplémentaire d’instabilité politique dont les Canadiens n’ont pas besoin.

Et qu’ainsi, il demande un mandat majoritaire afin de retrouver une stabilité politique pour faire face aux grands enjeux auxquels nous sommes confrontés.

On peut être d’accord ou en désaccord avec une telle trame narrative. Elle pourrait cependant facilement se défendre et servir de prétexte pour demander aux électeurs et aux électrices d’aller aux urnes, si le premier ministre croit en ses chances de l’emporter.

La politique demeure un sport de contact. Savoir quand profiter des faiblesses de ses adversaires et comment limiter les risques à son égard est important.

Et particulièrement dans un contexte minoritaire. Soit le premier ministre choisit le meilleur ou le moins pire moment stratégique pour des élections, soit les oppositions le choisissent pour lui lorsqu’elles le sentent vulnérable.

Le paysage politique fédéral a évolué au cours des derniers mois et qu’on le veuille ou non, nous entrons lentement mais sûrement en mode pré-électoral.

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